Au milieu du Ve siècle, le royaume franc était troublé. Le roi de Neustrie, Childéric Ier, dut fuir en Thuringe (Allemagne de l’Est). Il fut accueilli par le roi Basin et la reine Basine de Saxe son épouse. Quand les troubles en Neustrie furent apaisés, il y revint.

À la mort de Basin, le royaume de Thuringe fut partagé entre ses trois fils : Bodevie, Hermanfried et Berthaire qui eut deux enfants, un fils et une fille Radegonde en 519. Il s’ensuivit une guerre fratricide.

Berthaire fut assassiné par ses deux frères. Bodevie fut ensuite aussi victime d’une coalition entre le roi de Metz, Thierry Ier, et son autre frère Hermanfried. Radegonde fut emmenée à l’âge de trois ans à la cour de Hermandfried. Mais Thierry Ier, exigeant une partie du royaume de Thuringe en échange de son soutien, forma une alliance avec Clotaire Ier, roi de Neustrie. Ils vainquirent l’armée thuringienne en 531. Dans le butin de guerre que rapportait le roi, il y avait une princesse, Radegonde âgée de 11 ans, et son jeune frère.

 
Statue de sainte Radegonde
Statue de Sainte-Radegonde
Sainte Radegonde de Poitiers
Sainte-Radegonde de Poitiers

Clotaire installe sa prisonnière dans une de ses villas royales à Athis, près de Péronne. Elle y rçoit une éducation poussée, se nourrit de culture gréco-latine mais se passionne plus encore pour l’Evangile et la vie des saints.

Devenue jeune fille d’une grande beauté , elle apprend que le roi Clotaire, devenu veuf, veut l épouser. Epouvantée, elle s’enfuit. Les hommes d’armes de Clotaire la rattrapent sans peine et la ramènent à Soissons. Elle voit là le signe de la volonté divine et se résigne. Elle sera sereine. Son coeur est débordant de pitié mais d’une pitié énergique et efficace : elle organise une « source populaire » et c’est elle-même qui sert les malheureux. Elle essaie d’adoucir le coeur de son époux, tâche bien plus difficile.

Radegonde était reine depuis une dizaine d’années. Son jeune frère vivait près d’elle à la Cour. Clotaire pour quelque obscure raison politique le fit assassiner. La réaction de Radegonde fut immédiate et sa résolution absolue : elle ne pouvait plus être l’épouse de ce roi assassin. Son mariage avec Clotaire n’était pas rompu mais la séparation était définitive.

Radegonde est maintenant libre d’être toute à Dieu. Elle se retire dans une villa que Clotaire lui avait donné lors de son mariage à Saix près de Chinon. Là, avec quelques jeunes filles qui l’ont suivie, elle peut enfin consacrer tout son temps à la prière et au service des malheureux. Mais l’installation à Saix se révèle trop précaire. Radegonde projette une installation plus stable, reconnue officiellement tant par l’Eglise que par les pouvoirs publics. Poitiers est proche. Clotaire, maître de la ville donne le terrain et s’offre à payer les frais de la construction. C’est dans un vrai monastère que Radegonde veut vivre. 

Elle y passera environ 35 ans, n’en sortant qu’une seule fois pour aller visiter, en Arles les moniales de Saint Césaire, dont elle a adopté la Règle de vie. Elle moura le 13 août 587. L’abbaye Sainte Croix fondée par Sainte Radegonde a traversé sans interruption 14 siècles. Dès sa mort, à l’age de 68 ans, elle fut canonisée et son corps, repose depuis à Poitiers. En 1542, sa dépouille fut profanée et brûlée en partie.

Les restes du corps de Sainte Radegonde furent alors répartis dans les principaux lieux de culte qui lui étaient dédiés.